Curatrices: Cila Brosius et Tijana Miskovic.
L’exposition explore une variété de sujets liés à l’océan à travers différents médias artistiques et approches conceptuelles. Dans notre monde de plus en plus polarisé, il semble pertinent de se concentrer sur l’interconnectivité, ce que la fluidité de l’eau nous permet d’embrasser. Sensing the Sea ne traverse pas seulement les frontières géographiques, mais nous invite également à penser au-delà des disciplines, des frontières idéologiques et corporelles.
NAC, Nordic Contemporary Art Center, Xiamen, Chine.
Avec Christine Laquet, Arendse Krabbe, Gedske Ramløv, Karen Land Hansen, Mariana Gomes Gonçalves, Nina Wengel et Studio ThinkingHand — Avec l’aide de la Région Pays de la Loire, du Département de Loire-Atlantique, de l’ADAGP, de la Station Marine de Roscoff et de Sorbonne Université/CNRS — Précédemment présentée au SAK Kunstbygning à Svendborg (DK), l’exposition s’est transformée en rapport avec le contexte chinois de la ville portuaire de Xiamen, ouvrant ainsi de nouveaux dialogues entre les cultures et les zones géographiques.
Christine Laquet présente un ensemble d’œuvres sur le microcosme marin qui telles des pollinisations croisées, prônent la symbiose à la fois comme clé de survie (une nécessité biologique) et comme approche philosophique (à même de contribuer au changement d’une vision anthropocentrique du monde). Pour mieux entrevoir le royaume éco-biologique qu’est l’océan, l’artiste collabore étroitement avec des scientifiques de la Station de Biologie Marine de Roscoff. Elle filme autant les gestes des chercheurs lors de prélèvements d’organismes en mer (Neomysis), qu’elle utilise ses propres outils d’observation en inversant les rôles mêlant science et art. Dans Drawing With The Tide, Fabrice Not –dont les recherches portent sur l’écologie et l’évolution du plancton et de la photosymbiose- la filme en train de dessiner sur l’estran, tandis que la marée monte. Pendant plusieurs mois, Laquet a cultivé des cyanobactéries provenant de cinq mers différentes. Ces organismes mono-cellulaires ont non-seulement permit l’apparition du vivant il y a 2,5 milliards d’années, mais ils produisent encore aujourd’hui 20% de l’oxygène terrestre. L’artiste utilise ces pigments « vivants », capables de diffracter la lumière pour produire de l’énergie, dans une série de dessins (Little Angry Dragons). En Chine, Laquet crée Don’t You Sea Changes?, un paysage sous-marin modelé avec de la porcelaine blanche de Dehua (le Blanc de Chine): une installation qui souligne la beauté et la fragilité de l’écosytème corallien dont le blanchiment est le témoin d’une mort qu’il s’agit de refréner.
Installation en Porcelaine Blanche de Dehua, projection video (loop) d’un grossissement x1000 d’Euglènes (Nassula), eau avec pigment fluorescent, 2 lumières UV, 2024
Dimensions variables. Prod. Luzerne Factory et Cultural Creative Co.,Dehua
L’installation en porcelaine Don’t You Sea Changes? se trouve à même le sol, révélant ainsi un paysage sous-marin dont la disparition est imminente: celui de l’écosystème des récifs coralliens. Une projection d’Euglène se poursuit sur le mur, qui à l’image de créatures mythiques, remettent en question la perception même de nos systèmes de classification car elles ne peuvent être définies ni comme plante ou animal, ni mâle ou femelle, mais un peu tout à la fois…
Little Angry Dragons (green – pink – red – orange – yellow)
Série de 15 dessins sur papier (21 x 22 cm chacun). Pierre noire et pigments de cyanobactéries provenant de cinq mers, vidéo (loop) d’une macro des dessins en train de se faire (visible au travers d’un judas en porcelaine), 2024
Les cyanobactéries ont été capables de diffracter la lumière du soleil pour générer de l’énergie. Si elles produisent aujourd’hui 20% de l’oxygène terrestre, elles sont surtout à l’origine de l’apparition du vivant en permettant la photosynthèse il y a 2.5 milliards d’années. Grâce à sa résidence à la Station de Biologie Marine de Roscoff, Christine Laquet a pu cultiver par division cellulaire les cinq « couleurs niches » de cyanobactéries présentent dans les mers du globe. Grâce à un système de gouttes déposées sur le papier, ces « pigments vivants » sont venus colorer ses dessins, dont les tonalités vont s’estomper laissant juste apparaitre la trace de la goutte. Little Angry Dragons est le nom familier donné par le Prof. Ehrenberg, qui découvrit ces organismes unicellulaires ancestraux, ceux qui défient encore aujourd’hui notre perception des systèmes de classification standard car elles n’appartiennent pas au genres (ni animal, ni végétal, ni mâle ou femelle).
Neomysis (Collecting Phytoplankton)
Vidéo (09:20 min.), 2024
Drawing With The Tide
Vidéo (04:12 min.), 2024 – Caméra: Prof. Fabrice Not
Crédits photos: Christine Laquet, YE Shaobin, Ruei Li