RE-POSER LA TERRE

exposition personnelle, galerie RDV, Nantes.

 

Christine Laquet s’intéresse à d’autres façons d’être au monde et de l’habiter. Par la diversité de ses techniques, elle interroge les relations ambiguës que l’homme entretient avec son milieu. Dans l’exposition RE-POSER LA TERRE, l’artiste imagine des processus de co-créations atypiques avec le non-humain qui impliquent des relations plus équilibrées avec le végétal, l’animal ou le minéral. S’inspirant du concept d’une « nature interconnectée » d’Alexander Von Humboldt, son œuvre explore sous l’angle de la métamorphose l’organique et le géologique et imagine des symbioses défiant naturel et synthétique ; une recherche où des éléments hétérogènes s’assemblent, forment un corps hybride provoquant et créant des co-présences et du lien. 

Knife Bird # 2
5 lames de couteaux japonais, scotch bleu et résine, socle rotatif, 2019.
Installation avec suspension de 45 herbes de verre (2010).

 

Le Flux du temps
Dessin mural au fusain d’après la chronologie de Friedrich Strass (Strom der Zeiten, 1804), 2021.

 

Juste une illusion
Photographie enserrée entre deux plaques de Plexiglas de 1 cm chacune, 50 cm de ∅, 2021.

 

Mère Terre
Pastel sec sur papier contrecollé sur Dibond, 100 x 70 cm, 2021.

 

Portraiture [ Alexander Von Humboldt ]
Collage numérique. Impression aux UVs sur plaque d’aluminium (offset), 73 x 103cm, 2021

Alexander von Humbolt -humaniste, explorateur et naturaliste allemand du XIXe siècle- a été le premier à parler des conséquences qu’auraient l’activité humaine sur l’environnement. Dans l’exposition RE-POSER LA TERRE, je m’inspire de son concept de « nature interconnectée » en explorant l’organique et le géologique.


Topographies
[Terre d’ombre brûlée]

Série de 12 dessins (bâton à l’huile couleur Terre d’ombre brûlée) sur plaque d’aluminium (offset), 103 x 40 cm chacun, 2021. D’après Géographie Physique, Unité de l’idée de montagne chez Alexandre von Humboldt, 1842.

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La description du cosmos de Von Humbolt mêle les interactions entre les organismes vivants, impliquant l’impact des sociétés sur le milieu naturel – déforestation, irrigation, et pollution industrielle. Les reflets argentés des plaques d’aluminium, métal toxique le plus présent sous terre après le silicium, soulignent ici l’état transitoire des reliefs montagneux extraits des gravures du voyageur-naturaliste Alexander von Humbolt. La terre d’ombre brûlée utilisée pour en dessiner les contours réattribue une matière naturelle que la reproduction mécanique a rendu abstraite. Les supports métalliques brillants impliquent autant les spectateurs qu’ils ne déstabilisent leurs images, à l’instar d’un palais des miroirs. Plus qu’un hommage au savant, ce point de départ est l’occasion pour Christine Laquet de développer les contaminations réciproques entre l’humain et le non-humain sous l’angle de la métamorphose. Si à l’heure de la crise écologique la place centrale de l’Homme doit être reconsidérée, RE-POSER LA TERRE compose un environnement « cosmomorphe », qui nous met définitivement en retrait.  Ilan Michel, Christine Laquet, RE-POSER LA TERRE, Galerie RDV, Nantes, 2021.

 

Invasive (avec graines d’Araujia sericifera, surnommée Plante cruelle)
2 mains en résine, graines d’Araujia sericifera, 2 socles au mur, un socle avec goudron, 2021.

Invasive est une sculpture qui s’inspire du geste de la semeuse : deux mains parsèment des graines duveteuses à la blancheur immaculée qui restent suspendues, comme un arrêt sur image. De plus près, les semences de l’Araujia Sericifera (surnommée Plante Cruelle) semblent s’attaquer aux doigts et aux paumes. Originaire d’Amérique du Sud, la plante s’est rapidement propagée dans l’hémisphère Nord où elle est devenue invasive : ici les insectes -plus petits que ses butineurs sud-américains- se font enfermer dans ses coupoles et meurent (la plante n’est pas carnivore). Très résistante, la belle liane aux fleurs odorantes n’a pas eu besoin de se métamorphoser pour survivre aux nouvelles conditions de sa reproduction. Est-ce devenu un acte gratuit provoqué par nos multiples déplacements ? Car l’homme l’a définitivement aidé à se propager. Invasive est une œuvre qui s’adresse autant aux métamorphoses de la nature, qu’à celles engendrées par notre monde globalisé, ou encore aux manipulations génétiques que l’homme opère sur les graines.

 

Painting With The Soil
Vidéo HD (couleur + son), 6min13, 2021. Caméra : Adrian Owen.

Lire l’entretien avec la Galerie RDV